Le vendredi 31 mars 2023, le président de la république Paul Biya a signé un décret portant nomination de 30 sénateurs. Le SDF a eu la nomination d’un sénateur. Le journaliste Vanigansen Mochiggle, originaire de la région du Nord-ouest et membre du SDF, a été nommé par ce décret du président de la République
Dans une lettre adressée aux militants, le Shadow Cabinet du Social Democratic Front (SDF) promet que les instances du parti se réservent le droit d’accepter ou de refuser le siège de sénateur que leur a offert le président de la République, Paul Biya. Dans cette correspondance, Nguidjol Ngan, responsable des médias dans le Shadow Cabinet, ne cache pas que la nomination de Mochiggle Vanigansen, militant actif du SDF, comme sénateur a provoqué « un vif débat » à l’intérieur du parti de la balance.
Le journaliste de la Nouvelle Expression, Edmond Kamguia dit ainsi que le SDF devient un allié du parti au pouvoir. « Le SDF devient un nouvel allié du RDPC. Celui qui a été nommé par Paul Biya est dans le camp des collabos au SDF. Il a été candidat il a perdu et est nommé par Paul Biya », déclare Edmond Kamguia dans Droit de Réponse sur Équinoxe Tv.
Me Lavoisier Tsapi, militant exclu du SDF pense que le Sénat est un machin et qu’il faut y mettre un terme. « Le Sénat au Cameroun ne sert à rien. Il doit etre fermé (…) On peut construire des hôpitaux, des écoles. C’est une chambre qui est avare, qui engloutit des centaines de milliards de FCFA », déclare Lavoisier Tsapi dans Droit de Réponse sur Équinoxe TV.
« Nous appelons dès lors, tous nos camarades de l’intérieur comme ceux de la diaspora à garder le calme de même que nous les rassurons que la position officielle de notre parti le SDF sera rendue publique en temps opportun », écrit Nguidjol Ngan pour espérer faire retomber la pression.
Mais tout n’est pas aussi simple. Car, cette zone de turbulence que traverse le SDF n’est rien d’autre que la suite de la querelle de chapelle qui divise ce parti d’opposition depuis plusieurs années déjà. D’un côté, il y a l’aile dure, qui aait pour visage le député Jean Michel Nintcheu. Ceux qui se revendiquent de ce groupe au sein du SDF soupçonnent le leader John Fru Ndi et le premier vice-président, le député Joshua Osih, d’avoir dilué l’influence du parti en se rapprochant subrepticement du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
C’est cette aile dure qui critique vertement la nomination de Mochiggle Vanigansen. Une offrande de Paul Biya qui est justement présentée comme l’un des témoins d’une convenance non assumée entre les principaux responsables du SDF et le RDPC. Une situation qui ne manque pas d’embarrasser la nomenklatura du parti, qui s’est donné un temps de réflexion avant d’entériner la nomination de Mochiggle Vanigansen ou tout simplement de décliner l’offre du président.
Le SDF n’est toujours pas parvenu à exorciser ses vieux démons. Jean Michel Nintcheu ainsi qu’une vingtaine d’autres cadres avaient pourtant été expulsés des rangs du parti en février dernier. Las de se faire entendre, ils étaient entrés en guerre ouverte contre la direction du SDF en décidant de boycotter une réunion politique et en saisissant les instances judiciaires pour annuler une série de décisions prises par John Fru Ndi. Mais de toute évidence, ces expulsions n’ont pas suffi à démolir cette aile dure. Elle continue d’exister au point d’alimenter ce « vif débat » sur la nomination de Mochiggle Vanigansen.