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Cameroun – Fête de l’Unité nationale : le Maire de Belo abattu malgré la sécurité renforcée

par Theophile
DR Innocent Ngong Maire de Belo

Pendant que Paul Biya présidait le défilé à Yaoundé, les sécessionnistes ont tué trois personnes à Belo malgré la sécurité renforcée.

Avant les célébrations, les autorités administratives des deux régions en crise ont exercé des pressions sur les fonctionnaires et le reste de la population pour défier les appels des séparatistes à observer des journées mortes et à boycotter les festivités, les exhortant à participer massivement aux célébrations. Les séparatistes armés avaient imposé un blocus dans la région et dans d’autres parties des deux régions anglophones pour contrecarrer l’événement, qu’ils avaient longtemps « interdit » depuis l’escalade de la crise anglophone.

Le Maire de la commune de Belo dans la Région du Nord-Ouest et deux autres civils ont été tués par balle ce lundi 20 mai 2024, pendant qu’on célébrait la fête nationale à travers le pays. Les victimes bouclaient la mise en place en vue du défilé à la place des fêtes de Belo quand elles ont été surprises par des hommes armés. Les balles tirées ont tué sur le coup un jeune homme encore non identifié, l’inspecteur d’arrondissement du Ministère de l’éducation de base et le Maire Innocent Ngong. Après leur forfait, les terroristes ont fondu dans la nature, échappant à la riposte des forces de défense et de sécurité.

Les autorités gouvernementales n’ont pas encore réagi à cette dernière tragédie survenue à Belo, qui vient s’ajouter à une série de meurtres ayant secoué les régions anglophones au cours de la dernière semaine.

20 mai 1972 – 20 mai 2024 : 52 ans après, l’unité nationale toujours menacée

Le président de la République, Paul Biya, a personnellement présidé en mi-journée au boulevard du 20 mai à Yaoundé, la capitale politique, la grande parade militaire et civile de la 52e édition de la fête de l’Unité nationale placée sous le thème « Armée et Nation, ensemble pour un Cameroun uni, pacifique et prospère ». Celle-ci est construite depuis le référendum du 20 mai 1972 autour de l’État unitaire, conséquence de l’abandon de l’État fédéral formé jadis du Cameroun oriental francophone et du Cameroun occidental anglophone. Cependant, 52 ans après, l’unité nationale reste loin d’être acquise, tel que le rappelle le politologue Mathias Eric Owona Nguini, vice-recteur à l’Université de Yaoundé I. « L’unité nationale se vit mieux dans un contexte stabilisé, apaisé, plutôt que dans un contexte où il y a un certain nombre de tensions, notamment celles qui peuvent prendre la forme de la violence armée », analyse l’universitaire, invité de la chaîne de télé STV, le 16 mai 2024.

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Le Cameroun est en effet confronté depuis 2017 à une violente remise en cause de son système unitaire à travers un conflit séparatiste qui sévit dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Dans lesdites régions, certains mouvements réclament le retour au fédéralisme, tandis que d’autres veulent imposer une sécession pure et simple par la création d’un nouvel État : l’Ambazonie. Les affrontements entre l’armée et les groupuscules séparatistes ont déjà fait plus de 6 000 morts d’après des organisations internationales.

Ce n’est donc pas une surprise si le thème de la 52e fête nationale arrêté par le chef de l’État, Paul Biya, évoque la paix. Ce thème est, en effet, « Armée et nation : ensemble pour un Cameroun uni, pacifique et prospère ». Pour le professeur Owona Nguini, « le thème est tout à fait pertinent, précisément parce que si le socle de la stabilité demeure, on voit quand même avec ces zones tumultueuses qu’il y a des tensions qui peuvent éventuellement déstabiliser l’ensemble du pays. Et dans ces zones tumultueuses, nous voyons ce que nous n’avons pas à faire, si nous souhaitons un pays serein ».

À en croire Mathias Eric Owona Nguini, le risque de déstabilisation postélectorale est bien présent. « Cette mobilisation politique, qui prend souvent, dans une certaine mesure, une forme d’agitation, peut être porteuse de risques pour le pays. Mais on n’en est pas encore là. Les échéances électorales de 2025 sont importantes, et cela ne peut que susciter une montée en températures. Une fois que le contexte se précisera, on verra si c’est simplement de la dramaturgie normale d’une année électorale, ou alors s’il y a des risques que la sécurité et la stabilité du pays soient affectées », commente-t-il. Le politologue reconnaît que « des risques sont toujours possibles », car sous les cieux africains, « les épreuves électorales sont des épreuves de dramatisation politique qui peuvent générer de la violence ». Aussi espère-t-il « qu’on n’en arrive pas là ».

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