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Cameroun: le journaliste Bruno Bidjang face à la justice

by Theophile
Bruno Bidjang

Le directeur des médias du groupe l’Anecdote a été arrêté dans la nuit de mardi à mercredi 7 février 2024. Il est actuellement en exploitation au Secrétariat d’Etat à la défense en charge de la gendarmerie.

Bruno Bidjang est détenu depuis le 7 février dernier dans une cellule du secrétariat d’État à la Défense chargé de la gendarmerie nationale (SED) à Yaoundé. Le journaliste, directeur général des médias du Groupe l’Anecdote et figure bien connue de la chaîne de télé Vision 4, a été « entendu une bonne partie de la journée d’hier », fait savoir un proche. Très peu d’informations filtrent sur les raisons de son incarcération. Contacté, Me Charles Tchoungang, son avocat, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

Quoi qu’il en soit, Bruno Bidjang a été arrêté quelques jours après avoir publié une vidéo dans laquelle il fustigeait les Camerounais qui, selon lui, seraient plus occupés à se mobiliser pour des histoires « qui font le buzz », plutôt que pour les questions qui touchent à leur quotidien. Une sortie au lendemain de la hausse du prix du carburant décidée par le gouvernement le 2 février dernier. Le journaliste appelait ainsi les Camerounais à « s’indigner ». Un appel qui, de l’avis de plusieurs, lui aurait valu son arrestation.

Vision 4 se défend et lâche Bruno Bidjang

Pour autant, dans deux communiqués, le groupe de média l’Anecdote auquel appartient Vision 4 qui emploie Bruno Bidjang, met en garde ses journalistes sur des sorties qui portent « atteinte aux institutions républicaines ». « Par conséquent, le groupe se dissocie de tout individu portant un discours contraire à cet état », écrit le chef de division de la communication du Groupe l’Anecdote. De son côté, l’administrateur Directeur général du groupe a publié une note de service interdisant tout le personnel à « faire des analyses, des commentaires ou tout simplement de donner leur avis sur des sujets d’actualités, sur leurs réseaux sociaux ».

Cette prise de position de Vision 4 relance le débat sur la liberté d’expression et le rôle des médias dans un contexte de répression et de contrôle de l’information au Cameroun. Pour certains observateurs, cette désolidarisation de la chaîne de télévision vis-à-vis de son employé est un signe de la peur des représailles du régime en place, ainsi que d’une volonté de préserver une certaine proximité avec les autorités.

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Toutefois, d’autres voix font entendre que cette décision de la chaîne de télévision peut être interprétée comme un encouragement à l’autocensure et une restriction de la liberté d’expression. Dans une société démocratique, la liberté de parole et d’expression doit être protégée et encouragée plutôt que limitée et contrôlée. Alors que Bruno Bidjang est toujours détenu, cette affaire soulève des questions cruciales sur la place des médias dans la société et sur la responsabilité des professionnels de l’information dans l’exercice de leur métier en toute indépendance.

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