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Après 16 ans en prison, l’ancien ministre de la santé Olanguena Awono appelle à la réconciliation des Camerounais

by Theophile
Urbain Olanguena Awono

Le 31 mars 2008 marquait le début d’une période sombre pour Urbain Olanguena Awono, ancien Ministre de la Santé camerounais, qui entame désormais sa 17ème année de « détention arbitraire ».

Dans une tribune qu’il a publiée le dimanche dernier dans les colonnes du quotidien Le Jour, l’ancien ministre de la Santé, Olanguena Awono, accusé de détournement de fonds publics et condamné à de lourdes peines de prison, dénonce un “assassinat judiciaire” orchestré contre sa personne. Malgré les années qui se sont écoulées, le harcèlement judiciaire persiste, avec un troisième procès en cours, alimentant ainsi le calvaire de celui qui s’est toujours considéré comme un prisonnier politique.

Cependant, au-delà de son propre combat, Urbain Olanguena Awono en appelle à la conscience collective et à la réconciliation au Cameroun. Face aux intérêts personnels et aux dysfonctionnements du système judiciaire, il invite à un processus de décrispation et de pardon pour préserver l’avenir de la nation camerounaise, menacée par les divisions et les injustices. Avec une profonde foi en la justice et en la transcendance spirituelle, Urbain Olanguena Awono reste convaincu que la vérité finira par triompher. Pour lui, l’idéal d’une société de confiance et de justice au Cameroun n’est pas une illusion, mais un objectif à atteindre pour garantir un avenir d’espérance pour tous.

Ci dessous le texte intégral de Urbain Olanguena Awono

31 MARS 2008-31 MARS 2024,

Jour pour jour, il y a exactement 16 ans que j’ai été arrêté, humilié et jeté en prison et je viens d’entamer la 17 ème année de ma détention arbitraire au Cameroun.
Mon cher pays, que j’ai servi avec un dévouement et une intégrité incontestables, avec des résultats tangibles et mesurables dans l’exercice de mes diverses fonctions.
Voilà un homme broyé, un destin brisé et des dommages irréversibles subis.
Or, factuellement et rigoureusement parlant, aucune preuve, absolument rien, n’a établi à mon encontre, selon les exigences de la loi, ni un détournement des deniers publics ni un enrichissement personnel.
La justice a dû inventer la notion absurde de « détournement par assimilation » pour parvenir à ses fins.
En vérité, Je n’ai détourné aucun centime de l’Etat du Cameroun.
Pourtant, sous l’effet d’influences souterraines et par le jeu d’une mascarade et d’une parodie de justice, j’ai été injustement condamné à de très lourdes peines de prison sur la base des accusations sans fondement, mensongères et cyniquement saucissonnées.
Soit 10 ans puis 20 ans de réclusion criminelle sans crime commis.
Le harcèlement judiciaire se poursuit, plus de 16 ans après, avec un troisième procès surréaliste du fait d’autrui issu du même dossier, suite à 12 années d’une instruction hors délais, galvaudée et conduite en violation manifeste des lois de procédure pénale en vigueur.
Cet « assassinat judiciaire » orchestré contre ma personne, à l’instar de tant d’autres touchant des dignitaires et hauts serviteurs du pays, simplement soupçonnés d’avoir lorgné les cimes du pouvoir, est aux antipodes de l’Etat de droit et n’honore ni la justice ni la République.
Mais par-delà les intérêts égoïstes et les cynismes indifférents, déconstructeurs et destructeurs à l’œuvre au niveau des dirigeants et l’immense apathie de la société camerounaise malgré les énormes gâchis observés, l’intérêt de tous aujourd’hui ne serait-il pas de s’éveiller et de s’orienter, comme cela se fait à maints endroits de conflits, vers le chemin de la réconciliation, de l’apaisement et de la cohésion sociale pour préserver l’avenir du Cameroun ?
Il est évident que, dans un contexte inédit d’incertitude paroxystique, tout citoyen avisé comprend l’importance de ce questionnement et l’appréhende certainement avec gravité. Dans ce sens, il me paraît judicieux, responsable, urgent et de grande sagesse, pour sauver la République, d’engager un processus de décrispation guidé par la lumière du pardon, afin d’ouvrir de nouveaux horizons à la nation camerounaise dangereusement fragmentée.
Quoi qu’il en soit, et bien au-delà de la volonté des hommes, il y a la volonté de DIEU, le Grand Maître de Tout.
Par cette transcendance spirituelle, il faut comprendre que le temps et l’histoire structurent en permanence la mystique de la vie et, avec elle, la vérité triomphe toujours.
Dans cette projection, l’idéal rêvé d’une société de confiance et de justice pour un Cameroun d’espérance n’est pas une utopie.
Car dans la vie des hommes comme des nations, il n’y a point de ténèbres sans espoir de lumière.
Urbain OLANGUENA AWONO
Ancien Ministre de la Santé
Prisonnier Politique

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