Suite à plusieurs dénonciations, les forces de l’ordre ont saisi des faux billets d’une valeur de 32 millions de FCFA à Maroua. L’opération a débuté en novembre 2024 après que le service central des recherches judiciaires a reçu des alertes concernant la circulation de faux billets dans les villes de Yaoundé et Douala.
La saisie de 32 millions de FCFA en fausses coupures de 5 000 et 10 000 FCFA a été rendue possible grâce à des opérations menées dans la ville de Maroua, entraînant l’arrestation d’un suspect. L’exploitation de ce premier suspect a permis l’arrestation d’un second complice, cette fois à Kousseri, une autre ville de la région. Les deux hommes, âgés de 27 et 49 ans, ont avoué leur implication dans ce trafic. Ils sont accusés d’avoir fait circuler de grandes quantités de faux billets durant les fêtes de fin d’année, bien que le montant total de ces contrefaçons n’a pas pu être déterminé pour le moment.
Les enquêteurs ont également découvert que ces suspects font partie d’un réseau sous-régional de trafiquants de fausse monnaie. Selon le capitaine Otele Etoundi, leur mode opératoire consistait à se rendre au Nigeria voisin pour acheter d’importantes quantités de fausses coupures de la zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) auprès d’un fabricant et trafiquant. Ce dernier vend un lot d’un million de FCFA de faux billets au prix de 40 000 nairas (un peu plus de 16 milles FCFA). Les recherches se poursuivent avec la collaboration d’Interpol pour identifier et arrêter tous les autres membres de ce réseau dispersés dans les pays voisins, apprend-on.
Les faux billets saisis sont pour la plupart issus de la gamme 2020, une nouvelle série mise en circulation depuis le 15 décembre 2022 par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), l’institut d’émission commun aux six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA). Pourtant, selon Beac, la mise en circulation de la nouvelle gamme de billets de banque dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA, Guinée équatoriale et Tchad), il y a seulement 2 ans, visait principalement un objectif sécuritaire. « Il s’agit, premièrement, d’avoir une longueur d’avance sur les contrefacteurs, en fabriquant des billets comportant des signes de sécurité modernes et difficilement falsifiables, avec pour corollaire une limitation de la circulation des faux billets dans la zone… », avait confié Emmanuel Asafor Sho, le premier adjoint au directeur national de la Beac pour le Cameroun. C’était au cours d’une conférence de presse organisée à Yaoundé, la capitale camerounaise, la veille de la mise en circulation de ces nouveaux billets.
Selon Yvon Sana Bangui, les contrefacteurs choisissent des villes ou des villages reculés des régions frontalières, où vivent des populations peu instruites et informées, pour introduire les fausses coupures. De la sorte, des contrefaçons peuvent se retrouver dans le circuit économique normal via les marchés hebdomadaires, les commerces de proximité, etc. Malgré les nombreux signes de sécurité de la gamme 2020, notamment sur les coupures de 5000 et 10 000 FCFA, qui bénéficient de sécurités renforcées en raison de leur forte valeur faciale, le gouverneur a noté que les faux billets saisis dans certains pays de la sous-région étaient « des imitations artisanales et grossières », souvent produites par photocopie ou impression en couleur. Cependant, il a souligné que les quantités saisies ne représentent qu’une « infime proportion des coupures authentiques en circulation ».