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À l’AG des Nations unies, le représentant burkinabè dénonce l’«l’hypocrisie» des Occidentaux

by Theophile
Bassolma Bazié à la 78ème session de l’Assemblée générale de l’ONU

Pour Dr Poussi Sawadogo, ambassadeur/directeur général de l’Institut des hautes études internationales (INHEI), le discours du Burkina Faso prononcé par le ministre d’Etat Bassolma Bazié à la 78ème session de l’Assemblée générale de l’ONU sonne comme un retour de l’histoire et rappelle le discours historique du président Thomas Sankara à la tribune de cette même ONU, le 4 octobre 1984.

Dans l’analyse de discours, les éléments essentiels sont les faits, les opinions et les sentiments, l’appel à l’action et la résonnance attendue.
Concernant les faits, le représentant du Burkina Faso à la tribune de l’ONU s’est servi de l’histoire comme une lampe qui éclaire le présent. Il a rendu un hommage aux grands leaders du monde comme Mandela et Sankara, entre autres, pour leurs rêves de liberté et de dignité. Il a évoqué la traite négrière, la colonisation, l’impérialisme et la domination néocoloniale pour justifier un monde injuste et inéquitable.

Le Ministre d’Etat Bazié a cité des orateurs qui l’ont précédé comme le Secrétaire Général de l’ONU, le Président américain, le représentant de Trinité-et-Tobago et le Président brésilien pour conforter sa position sur l’hypocrisie diplomatique qui se caractérise par des paroles en contradictions avec les actes.

Voici pour le besoin de la cause, un extrait de l’Allocution du Ministre d’Etat Bassolma Bazie le 23 septembre 2023 à la 78ème assemblée générale des Nations Unies à New York :

« D’abord, en Libye, suite à cette catastrophe diluvienne, des milliers de vies ont été fauchées. Pour badigeonner nos consciences de tranquillité transparente, chaque Nation se précipite pour présenter sa compassion, sa solidarité. C’est certes pour donner l’impression que nous vivons en société et que nous défendons des valeurs.

L’honnêteté intellectuelle recommande et l’histoire des consciences nous reflètent que nous devons présenter nos sincères excuses au peuple Libyen pour avoir été, collectivement et individuellement, par passivité condamnable ou par complicité active et inacceptable, aux côtés des bourreaux qui ont été la première catastrophe anthropique en Libye.

C’est cette catastrophe qui a mis la Libye à genoux en la saccageant et tuant son guide, avant que les eaux du déluge ne viennent l’endeuiller davantage. Et malheureusement, à la tête de cette catastrophe humaine étaient l’ONU sous la résolution 19-70 et le silence coupable voire la complicité de la CEDEAO et de l’Union Africaine. Cette macabre intervention, avec la France de Nicolas SARKOZY en tête, a liquidé le guide libyen le Colonel Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011. Si les condoléances au peuple Libyen avaient un minimum de bon sens et sans hypocrisie, cette diplomatie macabre n’aurait jamais lieu autour du cas du Niger pour y créer une Libye bis.

Ensuite, pour preuves que les relations internationales sont teintées d’une haute hypocrisie diplomatique dénudée de conscience, de morale, de dignité, d’intégrité, de justice donc de paix, ce sont encore les mêmes gesticulations dans un alignement scandaleusement mortifère qui s’agitent comme des fauves autour de leur proie blessée pour la dévorer.

Aujourd’hui, nous avons fait le constat malheureux que contrairement aux discours de profession de bonne foi prononcés à cette haute tribune de l’ONU invitant au respect de la charte de l’ONU et du droit international, les dirigeants représentant le peuple frère du Niger ont été pratiquement interdits d’accès au siège des Nations Unies.

Le Burkina Faso condamne fermement cette manœuvre sordide qui relève de pratiques moyenâgeuses. Cela ne peut évidemment se faire que par des esprits en perte de valeur essentielle pour toute vie harmonieuse en société. De ce fait, nous renchérissons pour dire que l’ONU ne doit en aucun cas être un instrument dans les mains d’un quelconque pays.

Les leaders panafricanistes qui se sont battus pour l’unité africaine, nos grands-parents qui sont tombés dignement sous les balles assassines des colons, les dignes fils africains qui se sont sacrifiés pour l’honneur sur le continent et qui ont lutté ferrocement contre la traître négrière et le néocolonialisme ont eu leur sommeil de guerriers perturbé pour avoir entendu qu’une poignée d’enfants égarés de l’Afrique tiennent le Niger tel une boule de coton à l’envahisseur afin qu’il y mette le feu.

Oui, cher Continent Africain, une poignée de tes enfants a décidé de t’humilier et de te vilipender à travers le mensonge éhonté d’État en commençant par le Niger. Par conséquent, je lance un appel vibrant et solennel aux peuples Senegalais, Beninois, Nigérian, Ghanéen, Tchadien, Ivoirien, Comorien, Bissao-Guinéen et tous les peuples d’Afrique à se mobiliser davantage dans la fraternité et la solidarité africaine afin d’éviter que les impérialistes mettent le feu au Niger comme le cas de la Libye.

Monsieur le Président de la 78e Session de l’Assemblée Générale ;

Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU ;

Distinguées personnalités en vos grades, titres et rangs respectifs ;

J’insiste à cette tribune de l’ONU et devant le monde entier que la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU doivent impérativement se muer en des organisations véritables des peuples en lieu et place de structures d’une minorité de Chefs d’Etat. Elles ne doivent pas être utilisées et instrumentalisées pour déstabiliser des Pays frères en assassinant leurs leaders. Ce n’est qu’à ce prix que la Charte de l’ONU et le droit international auront un sens !Ezoic

Enfin, parlant de la Charte de l’ONU et du Droit international, un conflit entre la Russie et l’Ukraine est entretenue et voulue par certaines autres puissances.

Ainsi, plusieurs Pays occidentaux notamment les États-Unis et l’Union Européenne y ont déversé toute sorte de soutiens notamment militaires. Les populations civiles ukrainiennes engagées comme volontaires dont certains pilotent mêmes des chars sont félicitées et traitées de patriotes.

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso font face à une guerre qui leur a été imposée par l’impérialisme sous le couvert de terroristes de tous acabits (AQMI, DAESH, JNIM, etc.) semant terreur et désolation. Malgré l’existence de cette même Charte des Nations Unies avec ses principes d’égalité, de justice d’une part et d’autre part du même droit international invoqué à cette tribune de l’ONU, il y a nettement un fossé abyssal dans le traitement des questions. En effet :

Prenant le cas du Burkina Faso, les populations civiles face aux incursions barbares et meurtrières des terroristes ont décidé de s’engager aux côtés des Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Ces populations ainsi engagées, formées et encadrées par les FDS sont appelées des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). Ainsi, au Burkina Faso, nous avons 58 000 VDP dont 42 000 VDP Communaux et 16 000 VDP Nationaux qui combattent sur tous les fronts aux côtés des FDS, formés-encadrés-orientés par elles.

Celles-ci n’agissent que sur instruction et surveillance des FDS et conformément à des textes réglementaires en vue de protéger leurs vies et leurs biens. Ce sont ces Patriotes que certains chefs d’État de la CEDEAO et de l’Union Africaine, sur instrumentalisation de puissances impérialistes capitalistes, tentent de faire croire à la Communauté internationale que ce sont des milices : c’est cela le mensonge éhonté d’État ! »

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