Une dizaine d’opposants au président tchadien Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans, ont été incarcérés lundi et seront jugés pour avoir bravé une interdiction de manifester le jour de l’annonce de la candidature du chef de l’Etat à un sixième mandat, a annoncé un ministre.
Ces derniers ont pris d’assaut les rues de la capitale tchadienne pour réclamer une alternance au sommet de l’État ainsi que davantage de justice sociale. Malheureusement comme on pouvait s’y attendre, cette manifestation qui se voulait pacifique a été réprimée à coup de gaz lacrymogènes par la police. Par la même occasion, les forces de maintien de l’ordre ont également procédé à l’arrestation de 14 leaders d’opposition accusés de trouble à l’ordre public, coup et blessures volontaires et destruction des biens. Ces derniers ont été placés sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt de N’djamena en attendant leur procès prévu le 15 février prochain.
«Parmi les personnalités placées sous mandat de dépôt, on retrouve une figure de la société civile, Mahamat Nour Ahmed Ibedou, secrétaire général de Convention tchadienne de défense des droits humains (CTDDH). Quant à Succès Masra, le leader du parti Les Transformateurs et l’un des opposants les plus virulents au régime, il s’est réfugié samedi à l’ambassade des États-Unis pour échapper à des policiers.
Tôt ce lundi, la Commission nationale des droits de l’homme a tenté de convaincre l’opposant de sortir de l’ambassade où il se trouve depuis samedi. Succès Masra a opposé un refus, exigeant la libération de ses compagnons arrêtés. Les 14 manifestants interpellés samedi devaient être présentés en fin de matinée au procureur. Mais pendant qu’ils attendaient d’être auditionnés, un avocat a surpris des gendarmes en train de remplir des mandats de dépôt. Ce qui a provoqué une grosse colère dans les rangs des défenseurs des manifestants. La tension est alors montée au sein du palais de justice obligeant le procureur à renvoyer les prévenus à la police sous les encouragements de nombreux soutiens. Ils ont été ramenés plus tard dans la journée pour être placés sous mandat de dépôt. Le procès de la marche interdite aura lieu lundi prochain», lit-on sur la plateforme numérique de RFI.