« Cœur du Sahel », le quatrième roman de l’écrivaine camerounaise Djaïli Amadou Amal, paru cette année en France chez Emmanuelle Collas, fait partie de la liste des « dix livres coups de cœur » publiée la semaine dernière par l’Académie Goncourt. Pour établir cette liste, il a été demandé à chacun des dix académiciens Goncourt de recommander un bouquin aux lecteurs pour cet été. Cette académie, qui octroie chaque année la récompense littéraire la plus prestigieuse du monde francophone, parle pour cela « des conseils de lecture ».
Derrière cette présentation simpliste se cache une rétribution symbolique pour les dix auteurs de cette liste. Surtout pour Djaïli Amadou Amal, la seule Africaine de cette sélection. Son choix par un des académiciens Goncourt vient confirmer sa migration de la périphérie vers le cercle fermé des auteurs confirmés du monde littéraire en France, et même à l’international.
Ce statut justifie sans doute le fait que l’écrivaine camerounaise ait été désignée par l’Académie Goncourt comme la marraine du « Choix Goncourt » 2022 du Cameroun. Ce projet consiste à donner la possibilité à de jeunes étudiants dans 35 pays dans le monde d’entrer dans la peau d’un jury critique en choisissant un roman mis en sélection dans la course au Prix Goncourt, qui sera décerné en novembre prochain. C’est « Le Mage du Kremlin » de l’Italo-suisse Giuliano Da Empoli qui a retenu l’attention des étudiants camerounais.
Fresque romanesque
En plus de cette reconnaissance symbolique, le choix des académiciens du Goncourt a un impact économique indéniable. Les dix romans de la liste sont, en théorie, assurés de se retrouver en première place dans les présentoirs des libraires. Il est donc fort probable que le nombre de ventes de « Cœur du Sahel » augmente très rapidement.
Avec ce roman, Djaïli Amadou Amal a encore choisi de mettre en avant les conditions de la jeune fille du Sahel, dans un monde d’hommes. Elle raconte l’histoire d’une adolescente de 15 ans qui quitte son village pour chercher un travail et subvenir aux besoins de sa famille à Maroua, la principale ville de l’Extrême-Nord du Cameroun. Dans ce nouvel environnement, la jeune héroïne de ce roman va expérimenter la difficile condition réservée aux jeunes filles dans cette aire géographique machiste.
En rappel, Djaïli Amadou Amal s’est fait connaître en France en rapportant le Goncourt des lycéens en 2020 avec son roman « Les Impatientes », publié chez Emmanuelle Collas. Une autre fresque romanesque qui décrit la situation de la jeune fille musulmane.
SBBC