L’ancien président du Burundi Pierre Buyoya (1987-1993 et 1996-2003) est mort à Paris. Il avait la Covid-19″, a déclaré à l’AFP un membre de sa famille qui a requis l’anonymat. Plusieurs autres proches ont confirmé le décès de M. Buyoya, qui a également occupé le poste de Haut représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel de 2012 à fin novembre de cette année 2020.
Pierre Buyoya, 71 ans, avait contracté le coronavirus alors qu’il se trouvait à Bamako au Mali. Il était hospitalisé depuis une semaine à la clinique Pasteur dans la capitale malienne, placé sous respirateur artificiel. Son état de santé s’est brusquement dégradé, selon une source familiale.
Il a finalement été évacué par un avion médicalisé vers Paris jeudi en début d’après-midi et est arrivé dans la capitale française dans la soirée. Trop tard puisqu’il est décédé durant son transfert en ambulance d’un aéroport parisien vers l’hôpital Américain de Neuilly, où il était suivi depuis longtemps pour des problèmes de santé.
Difficile pour l’instant de savoir où et quand l’ancien chef de l’État sera inhumé. Les relations entre l’ancien chef de l’état et le pouvoir burundais étaient au plus mal depuis le début de la crise de 2015, due à la décision du président Pierre Nkurunziza, décédé en juin, de briguer un troisième mandat. Des membres de sa famille sont déjà en route pour la France et devraient arriver à Paris ce vendredi pour décider de la suite.
Pierre Buyoya, Tutsi issu d’un milieu modeste, a d’abord fait sa carrière dans l’armée avant de devenir président à la suite d’un coup d’État contre Jean-Baptiste Bagaza, lui-aussi Tutsi, sur fond de grogne dans l’armée.
Pendant son premier mandat, il s’emploie à ouvrir l’espace démocratique au Burundi, un processus qui débouche en 1993 sur l’élection à la tête du pays de Melchior Ndadaye, premier président démocratiquement élu du Burundi et premier hutu à accéder au pouvoir. Les Hutu représentent environ 85 % de la population du Burundi. Il signera en 2000 les Accords d’Arusha, qui visent à mettre un terme à la guerre civile (300 000 morts entre 1993 et 2006), et quitte le pouvoir en 2003 conformément à ces accords.
La justice burundaise l’avait condamné à la prison à perpétuité en octobre pour l’assassinat en1993 de son successeur Melchior Ndadaye. Un procès que l’intéressé avait qualifié de « mascarade politique ». Il y a trois semaines, Il a dénoncé un “procès politique” et une “parodie de justice” et annoncé faire appel. L’ancien président burundais avait démissionné de son poste de Haut représentant de l’Union africaine, afin de pouvoir disait-il « se défendre et laver son honneur ».