Cyril Ramaphosa réélu président grâce à un accord entre l’ANC et son principal adversaire. Après des résultats historiquement faibles lors des dernières élections, le Congrès national africain a dû former une coalition avec l’Alliance démocratique pour un gouvernement d’union nationale.
Fumée blanche en Afrique du Sud : le président Cyril Ramaphosa a été réélu président du pays, le 14 juin 2024. « Je déclare l’honorable Cyril Ramaphosa président dûment élu », a déclaré le juge Raymond Zondo qui présidait la séance. Cyril Ramaphosa, 71 ans, a obtenu 283 votes, contre un autre candidat, Julius Malema du parti radical de gauche EFF, qui a lui obtenu 44 voix, alors que l’Assemblée compte un total de 400 députés. L’Alliance démocratique (DA), le principal parti d’opposition, lui avait apporté son soutien en vue de former un gouvernement d’union nationale. Un jour historique, l’opposition apportant en effet son soutien au président et qui va co-gouverner l’Afrique du Sud, rapporte notre envoyé spécial au Cap, Romain Chanson. Ces négociations en vue d’une coalition ont d’ailleurs eu lieu jusqu’à la toute dernière minute.
Ancien syndicaliste devenu homme d’affaires richissime, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, 71 ans, réussit à se maintenir au pouvoir grâce à l’alliance de son parti l’ANC avec l’opposition. Une première pour le parti de Nelson Mandela, sans majorité absolue.
“Le buffle”
Fils de policier, Cyril Matamela Ramaphosa, né en 1952, a grandi à Soweto, foyer de la lutte contre l’apartheid. Parlant toutes les langues du pays, il a longtemps convoité le pouvoir. Étudiant en droit, il milite contre le régime raciste et passe onze mois à l’isolement en prison. Il se tourne vers le syndicalisme, rare moyen légal de contester l’apartheid. En 1982, il fonde le puissant syndicat des mineurs qui fait trembler le pouvoir blanc à coup de grèves massives.
A la sortie de prison en 1990 de l’icône Nelson Mandela, M. Ramaphosa rejoint ses équipes et contribue à la transition démocratique. Il est candidat à la présidence de l’ANC en 1999, mais le parti lui préfère Thabo Mbeki. Il s’éloigne alors de la politique, se tourne vers les affaires et bénéficie de la politique d’émancipation économique des Noirs. Avec sa holding Shanduka, un temps propriétaire des licences locales de McDonald’s et Coca-Cola, il fait fortune, figurant parmi les Africains les plus riches du classement Forbes. Marié trois fois – son épouse actuelle Tshepo Motsepe est la soeur du patron du football africain Patrice Motsepe -, ce père de cinq enfants nourrit une passion pour l’élevage de bovins rares, qui lui vaudra d’être surnommé “le buffle”.
Il revient en politique, d’abord comme vice-président de l’ANC en 2012, puis du président Zuma en 2014. Ce qui lui vaudra plus tard d’être critiqué pour être resté muet et ne pas avoir agi pendant cette période de corruption effarante. Zapiro, caricaturiste le plus célèbre du pays, continue de le dessiner “sans colonne vertébrale ou en faux super-héros”. Patient et fin stratège, il prend enfin la tête de l’ANC en 2017. Une fois Zuma évincé l’année suivante, il prend les rênes du pays.