Au Cameroun, la dégradation des routes est un problème persistant qui affecte gravement le transport des personnes et des marchandises. Ce qui affecte gravement les activités économiques dans le pays et provoque des accidents routiers récurrents. Face à cette situation décriée par les populations, le président Paul Biya a pris la parole.
Depuis plusieurs années, la dégradation du réseau routier camerounais s’est accélérée, rendant les déplacements de plus en plus difficiles et coûteux. Les routes nationales, notamment celles reliant les grandes villes, sont parsemées de nids-de-poule et de fissures, augmentant considérablement le risque d’accidents. Face à la colère des populations, le président de la République, dans son discours du 31 décembre dernier, a reconnu l’urgence de la situation. « Je suis conscient du sentiment de frustration qui vous habite, au regard de la dégradation de nos voiries urbaines et interurbaines« , a reconnu Paul Biya.
« Cette situation, vous vous en doutez bien, a un impact réel sur les activités économiques, et est très souvent à l’origine de nombreux accidents de la circulation. Je puis vous assurer que l’état de notre réseau routier ne reflète pas les efforts et les sacrifices qui sont consentis pour sa réhabilitation et son extension« , a poursuivi le Chef de l’Etat.
Paul Biya a néanmoins promis de mobiliser les moyens nécessaires pour réhabiliter les infrastructures routières : « Pour faire face à cette situation, j’ai instruit la réorganisation du Fonds Routier, dans le sens d’accroître sa capacité à mobiliser les financements nécessaires à la réalisation des projets de construction, de réhabilitation et d’entretien des routes ». Les Camerounais attendront désormais la mise en œuvre urgente des instructions du président Biya, visant l’amélioration significative du réseau routier.
En mauvais état, le réseau routier s’est dégradé de près de 2% à fin juillet 2024
Selon les données consultées par EcoMatin, le réseau routier en bon état à date est de 11,17%. Les ateliers sur les rencontres régionales présidés par le ministre des Travaux publics (Mintp) Emmanuel Nganou Djoumessi en mi-juillet dernier ont rendu une copie dont la note sur l’état du réseau routier au Cameroun est largement inférieure à la moyenne. D’après les données consultées par EcoMatin, le réseau routier en mauvais état s’est aggravé passant de 69,28% à fin décembre 2023 à 71,07% au 15 juillet 2024 soit une accentuation d’environ 1,8% en l’espace de 7 mois. Sur un linéaire global de 121 873 km, cela représente 86 529,83 km de route en mauvais état.
Toujours d’après le Mintp, 17,76% de routes sont en moyen état contre 11,17% seulement en bon état. Dans cette fourchette, 8,4% de routes sont bitumées (10 234,94 km) comparés à 111 638, 06 km en terre. A l’observation, aucune des 10 régions du pays n’enregistre 25% de route en bon état, pas plus qu’elle n’affiche 30% du réseau en moyen état. Dans le top 5, le linéaire de route en mauvais état est tiré par la région de l’Extrême-Nord (85,8%), suivie du Sud-Ouest (80,52%), le Nord-Ouest (79,55%) puis les régions de l’Ouest et de l’Adamaoua qui enregistrent respectivement 74,42% et 70,91%.
Pourtant, apprend-t-on de la même source, 208,2 milliards de Fcfa ont été transférés aux Collectivités territoriales décentralisées (CTD) entre 2018 -2024 (7 ans) pour les travaux d’entretien routier avec une priorité sur les communes (195, 3 milliards de Fcfa) et 12,9 milliards de Fcfa alloués aux régions. Ce qui fait en moyenne 21 milliards de Fcfa dépenses pour la cause par an. De plus, les 2 670 projets enregistrés au cours de cette période pour l’entretien, de 19 307 km de route, 1 884 projets sont achevés soit un taux de réalisation de 70,5%. Pour ce qui est des projets en cours, ils observent visiblement un retard dans la mesure où sur 157 projets routiers recensées pour un montant de 1 470 milliards de Fcfa, le taux d’exécution est de 39%.
Le ministre des Travaux publics attribue cette évolution à pas de tortue aux difficultés financières malgré que le Mintp compte généralement parmi les ministères qui bénéficient des plus gros budgets. « Je dois reconnaitre que nous enregistrons des retards dans dans les exécutions en raisons des raisons des difficultés économiques qui sont les nôtres. Les entreprises prestataires ne sont pas toujours payés dans les délais escomptés. Conséquemment, le rendement est affecté négativement », a-t-il avoué au média national.