L’avocate, président du Conseil d’administration du Redhac est invitée à se présenter au cabinet du préfet du Wouri ce mardi 10 décembre 2024.
Me Alice Nkom, la présidente du Conseil d’administration du Réseau des droits humains en Afrique centrale (Redhac), est attendue ce 10 décembre chez le préfet du département du Wouri (Douala), Sylyac Marie Mvogo. L’avocate est censée répondre à une convocation administrative, qui, de toutes évidences, n’est pas étrangère à sa bravade filmée et retransmise sur une chaîne nationale la veille.
Dans ce reportage, de près de deux minutes, on voit Me Alice Nkom briser des scellés apposées quelques heures avant au siège du Redhac à Douala par les autorités administratives après la suspension des activités de cette ONG qui lutte pour la protection des droits de l’Homme. Pour justifier son acte, l’avocate a indiqué que cette suspension est « fallacieuse » « illégal » et « contre toute logique ».
En effet, le REDHAC n’entend pas se plier à la décision du ministre Paul Atanga Nji, en date du 06 décembre dernier, interdisant ses activités sur le territoire camerounais pour une période de trois mois. Pour joindre la parole à l’acte, la présidente du Réseau a brisé les scellés apposés par le sous-préfet de Douala 1er en application de l’arrêté du ministre. Me Alice Nkom trouve la décision du membre du gouvernement illégale. Et ne se retient pas de défier l’autorité administrative et les forces de maintien de l’ordre qui ont scellé ses bureaux.
« Conformément à l’article 191 du code pénal intitulé « brise de scellé », j’ai brisé le scellé illégalement apposé sur mes bureaux », a déclaré l’avocate devant la presse. Pour la responsable du REDHAC, la décision du ministre est « insensée » et « illégale ». Le membre du gouvernement agit comme s’il « voulait absolument protéger son poste en prenant des décisions pour plaire au chef de l’Etat », a poursuivi l’avocate. Selon elle, dans un contexte de l’approche de l’élection présidentielle, le chef de l’Etat doit arrêter son ministre de l’Administration territoriale pour qu’il y ait la paix.
Plusieurs voix se sont déjà levées pour soutenir Me Alice Nkom. C’est le cas de son confrère Me Richard Tamfu, un leader d’opinion encarté au Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de cabral Libii. Mamadou Mota, le premier vice-président du Mouvement de la renaissance du Cameroun (MRC), parle lui d’un « acte de résistance contre la folie administrative ».
Le Redhac n’est pas la seule association des droits de l’homme ayant été sanctionnée par cet arrêté du Minat qui représente pour certains adhérents un message du chef de l’État sur l’inutilité des droits de l’homme au Cameroun : « ces suspensions sont fallacieuses, elles sortent d’un esprit tourmenté, tellement c’est illégal, tellement c’est brouillon, tellement c’est contre toute logique », a indiqué un observateur.