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Cameroun-Litige foncier: Un opérateur économique fait emprisonner un chef traditionnel

by Theophile
Sa Majesté Bruno Poponde, chef du quartier Welele à Salapoumbé

Sa Majesté Bruno Poponde et deux de ses notables sont détenus depuis plus d’une semaine pour des faits présumés de dénonciation calomnieuse contre Camille Ayissi, un exploitant agricole.

Depuis quelques jours, l’information circule sur « des chefs traditionnels, victimes de trafic d’influence, sont en détention préventive à la prison principale de Yokadouma (le chef-lieu du département de la Boumba-et-Ngoko, ndlr) ». Selon des sources que Cameroon-Info.Net (CIN) a contactées, « il s’agit du chef du quartier Welele, situé à environ 2 km de Salapoumbé au lieu dit « antenne » et de deux de ses notables ». Les mêmes sources révèlent que « les trois sont poursuivis pour des faits présumés de dénonciation calomnieuse ». Des propos confirmés par des sources villageoises locales.

L’affaire qui conduit le chef du village Welele en prison concerne « une parcelle de 1 145 hectares qu’exploite Camille Ayissi depuis 30 ans ». Sur laquelle le protagoniste du chef de quartier Welele dit être « titulaire du titre foncier n° 1335, Folio 124, à Salapoumbé, délivré selon les procédures d’usage le 7 novembre 2016 ». « Au moment de prendre possession de ces terres, Camille Ayissi avait promis de construire une usine de production de l’huile de palme, une formation sanitaire et une école primaire moderne », soutiennent les habitants de Welele. « Même la priorité promise à nos jeunes lors des recrutements dans ses plantations s’est transformée en un cycle de recrutements-licenciements-prison pour ceux qu’il a employés », poursuivent-elles.

C’est pour étudier la question que la notabilité coutumière décide de se réunir afin « mettre les bases d’une meilleure collaboration entre les deux parties ». A Welele, l’on affirme que « pour nous réunir, nous avons pris soin de solliciter une autorisation au sous-préfet qui nous l’a accordée ». Au terme de ces assises, les riverains demandent à Camille Ayissi de « mettre fin à l’exploitation de nos terres ».

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Informé, l’exploitant agricole, qui séjourne toujours en Europe, commet son conseil pour engager une procédure judiciaire contre tous ceux qui avaient assisté à cette réunion. C’est ainsi que le chef du quartier, Bruno Poponde, est convoqué pour être placé en détention préventive à la prison principale de Yokadouma en compagnie de deux de ses notables dont l’identité de l’un, le chrétien, n’a pas été révélée, le musulman étant dénommé Aboubakar. « 52 autres personnes sont attendues à doses homéopathiques devant le procureur de la République à Yokadouma », apprend-on de différentes sources.

Camille Ayissi étant en séjour en Europe, il ne nous pas été possible de recouper ces informations. Mais dans nos recherches, CIN a retrouvé un article du site web, daté du 30 juin 2019, de « Psy et droits de l’homme (PDH) », intitulé « Cameroun/Région de l’Est/Boumba-et-Ngoko/Yokadouma : Déni de justice et présomptions d’élimination physique ». Celui que cette organisation de la société civile désigne comme « le patriarche Ayissi Camille, représentant départemental de l’Association « Human Rights Monitoring » pour la Boumba et Ngoko » raconte une de ses altercations avec le chef du village et ses proches un peu plus tôt dans le mois : « Bruno Poponde m’intime l’ordre de déterrer la borne n°21 alors que, quelques temps avant, Blaise Ndassi alias Christian Adjembe a délibérément détruit, sous mon regard discret, la haie qui ceinture ma concession ». Preuve qu’entre les belligérants, il y a bien des antécédents.

Bernard Bangda/Cameroon-Info.Net

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